Jonas Lambelet
Déjouer le cours du monde parait si nécessaire à Jonas qu’il va au moins tenter le coup. S’ils prennent des formes très différentes et n’obéissent à aucun dogme esthétique trop installé, trop pacifié, ses projets se croisent à l’endroit du langage, vrai fil conducteur de son travail. Jonas convoque les mots comme autant de mains, impossibles à serrer mais capables de donner une forme à la glaise de nos existences. Il cherche la réappropriation d’une parole dont on nous dépossède, se demande comment faire des mots les outils d’une résistance à venir. Avec un peu de vieux rock, un peu de poésie, presque toujours en collectif, il fouille beaucoup ce que nous a laissé le siècle précédent, genre d’antiquaire qui va chiner la langue avec l’intention claire d’organiser son retour en trombe, son déferlement impitoyable et doux sur nos paysages postmodernes.
Jonas Lambelet est comédien et metteur en scène basé à Lausanne. Il s'est formé à la Manufacture – Haute école des arts de la scène de Lausanne.
Parallèlement à son activité de comédien (notamment pour M. Imbach, A. Secrétan, E. Devanthéry, le collectif CCC ou la Cie Post Tenebras Lux), il s’intéresse à la mise en scène et participe à plusieurs création en qualité d’assistant (notamment avec la Cie Motus, I. Fahmy et M. Imbach).
Il est actif au sein de divers collectifs avec lesquels il développe des projets aux formes variées : de la lecture-marathon (Correspondances des routes croisées) avec le collectif Fin de Moi, au vaudeville soviétique (On est tous des tontons et des tatas de la classe ouvrière) avec X SAMIZDAT, en passant par un travail de recherche mené avec le Third Floor Group sur les formes spectaculaires que peut prendre l’élaboration collective d’une pensée à partir de textes féministes, travail qui a entre autres débouché sur une déambulation interrogeant la ville comme espace conçu par et pour les hommes (Quartier libre).
Convaincu du rôle fondamentalement politique et social des arts vivants, il s’inscrit à travers ces différents projets dans une démarche à la fois engagée et engageante. Résolument indiscipliné, son travail cherche à brouiller les pistes, mêlant les genres pour cultiver un art occulte.
En 2017, il fonde h i t z A h i t z au sein duquel il poursuit ses recherches et son travail. Il crée notamment SAM va mieux (2017) électro-conte in situ d’après une nouvelle d’Alain Damasio, H O W L (2018) poème incantatoire d’après Allen Ginsberg conçu en collaboration avec le trio Le Mat, et Nous tournoyons dans la nuit et nous voilà consumés par le feu (2020) plongée introspective dans la mélancolie contemporaine.