Anouk Maupu

Il y a les champs de blé alignés – jaune brûlé et vert acéré – jusqu’à la silhouette des banlieues industrielles sur l’horizon bleuté. Campagne bucolique ou artificielle ? Dans les sillons et la poussière, terres et agriculteurices exploitées. Anouk y a grandi, dans ce territoire aux croisées de l’ennui et de la liberté – la « diagonale du vide ».

Il y a une rage, une révolte, une envie de tout péter. C’est une rage à la force solaire, qui guide et s’exprime en rayons de lumière.

Il y a la matière brute, le moelleux de la laine tuftée, l’âcre et le sucré du levain, le fondant et le rustique du fromage de chèvre, le grain de l’argentique et le pixelisé des mauvais smartphones.

Il y a les messages vénères qui ornent ses tapis doux – voitures qui brûlent, ACAB, clito – et les questions franches qui vivent dans son regard comment ? pour qui ? pour quoi ?

Anouk Maupu est photographe et réalisatrice. Son travail se déploie principalement dans le champ documentaire. S’intéressant aux questions sociales et politique, elle cherche à introduire des outils critiques dans la pratique documentaire, à développer des nouvelles approches, interrogeant notamment son regard et sa légitimité d’artiste occidentale dans son travail sur l’ailleurs. Son premier film documentaire, sur le quotidien d’adolescentes en Mongolie, est tourné entièrement avec des smartphones par les protagonistes et réalisé à distance. Conçu dans le cadre de son Bachelor en photographie à l’ECAL (Ecole Cantonale d’Art de Lausanne), le film tourne actuellement en festival. Il a notamment été présenté au Cinéma du Réel à Paris en mars 2021. Par ailleurs diplômée en Design de Mode et Textile à l’École Duperré à Paris, elle est créatrice de tapis tuftés, et compte profiter de son temps à L’Abri pour expérimenter des créations grands formats ainsi que d’utiliser cette pratique à des fins performatives et scénographiques.