Ce matin, Laura a entendu à la fois le silence et le plein, comme une forme inconnue qui prenait place dans son corps, cachée depuis si longtemps et pourtant si vive, alors elle se souvient l’eau salée qui a enfanté son corps d’argile et l’a peint de mosaïques, femme à cents têtes qui a faim de perceptions pour créer, créer une fois de plus, car la répétition est nécessaire, mais il y a les questions que tourne sa propre image, sur la façon qu’on a de se regarder, sur la liberté quand on se détache des valeurs ancrées, sur les similarités entre la gourmandise de la colère et l’avidité de l’amour, bref, elle dérive, vers l’enfance au regard d’animal, vers une danse rétrofuturiste, et quand la pluie tombe enfin elle se dit «oufti quelle chance j’ai de pouvoir ressentir les espaces, la musique, le vivant», alors elle honore son instinct et ce corps pas tout à fait apprivoisé, vecteurs puissants malgré le flou.

Laura Den Hondt est une comédienne belge, formée aux Conservatoires de Bruxelles et de Lyon et à la Manufacture. En dehors de son travail d’interprète – notamment pour Nina Negri, dont la pièce Sous Influence sera à l’affiche de Vidy et de la Comédie à l’automne 2021 – elle entame sa recherche autour du jeu d’actrice et de la construction de son image. Accompagnée entre autres par les pensées de Mona Chollet et Naomi Wolf, elle développe des performances sur la transformation du corps et l’émotivité. Multiple dans ses pratiques artistiques et touche à tout, elle se plait à mélanger les disciplines et les genres. Elle aime particulièrement l’animation, la culture geek, la littérature enfantine, l’humour noir et les films d’horreur.